Les premiers pas dans cette ville au nom évocateur sont consacrés aux quais au bord du canal Beagle. Le cliché obligatoire auprès du fameux panneau de la ville d’Ushuaïa pris, je me balade une partie de la matinée dans le bas de la ville et profite d’une magnifique journée pour contempler les alentours : des montagnes enneigées partout, c’est splendide. La vue de la montagne où se trouve le glacier m’appelle ! Il est presque treize heures, c’est une randonnée de cinq heures… cela veut dire que je peux revenir juste avant la nuit ! (la suite, vous l’avez peut être déjà vu sur la vidéo !).
Du fait de mon petit retard de vingt quatre heures, j’ai modifié et condensé mon planning car après le glacier Martial, il y a l’attraction principale : le Parc National de la Terre de Feu. C’est la basse saison, les sentiers pédestres en altitude sont fermés, ce qui représente cinquante pour cent des randonnées. La météo est un peu mauvaise, il neige et pas un coin de ciel bleu à l’horizon si ce n’est une petite demi heure en fin de matinée. Mes compagnons du jour : James l’américain et Claudio l‘italien. Nous partons, motivés pour réaliser le maximum de marche possible. Autour de treize kilomètres au total ! Après tout cela, le petit café au coin du feu dans la seule auberge restée ouverte dans le parc est bien mérité et apprécié. Je suis satisfait des clichés de la journée : malgré le temps grisâtre, je pense avoir fait de bons choix de composition et je sens même des progrès dans ma manière d’aborder mes séances… Bien positif tout cela, mais la nature me donne un sacré coup de main avec ce qu’elle nous offre comme spectacle ! Nous avons même droit à la rencontre avec un renard magnifique qui prend la pose juste devant nous sur notre chemin de retour…
Ce n’est que le début de mes découvertes dans ce projet et je suis déjà bien gâté ! J’imagine la suite et me dis qu’il faut que je me prépare à faire le plein d’émotions dans les semaines qui vont suivre : je ne veux surtout pas me lasser de cela ! Cela paraît étrange mais la routine se cache partout même dans ce que je vis. Du moins une forme de routine que je vais ressentir plus tard je pense à un moment ou à un autre. J’ai mon expérience australienne en tête (onze mois à faire le tour du pays-continent) et je ne veux surtout pas revivre ces instants de lassitude très mal venus pendant ce voyage. En exagérant à peine, je pouvais faire la tronche parce que mon cappuccino était raté alors que j’étais dans un des plus beaux endroits du monde, tout n’était pas parfait alors ça n’allait pas … J’étais bien nul (pour ne pas dire autre chose !) … Je profite de ce voyage pour ne plus commettre ces erreurs que j’ai appris / apprends à gérer : j'e (re)découvre la Loi de Pareto (les 80-20). Je trouve le principe génial et tellement simple : un ressort puissant, empirique, pour traquer la routine, la lassitude et apprécier le moment présent pour ce qu’il est et ne plus être déçu par ce qu’on s’imaginait… Et applicable pour tout ou presque … Des personnes sont douées pour cela naturellement, je ne le suis pas mais cela se travaille, c'est la bonne nouvelle.
Je passe ma dernière soirée « seul » à observer les autres personnes de l’hôtel dîner entre eux : que des hispanophones ! La barrière de la langue est bien là : je comprends ce qu’on me dit en général mais là cela va trop vite et je ne sais pas si c’est l’accent ou un espèce d’argot mais c’est incompréhensible … Quelques sourires échangés avec une très jolie colombienne et je vais me coucher … Lever prévu à quatre heures pour aller un peu plus à l’ouest : Punta Arenas.
Le problème avec les nuits courtes c’est qu’on est tellement stressé de ne pas se lever qu’on dort très peu et mal au final… C’est donc les poches sous les yeux, que dis je … les sacs de couchage que j’embarque mes vingt cinq kilos de bagages en essayant de ne pas réveiller mes voisins de chambre. Je pars comme je suis arrivé : il fait nuit et froid. Changement de bus prévu deux heures trente plus tard à Rio Grande qui passent très vite : j’ai dormi tout le trajet. Je retrouve là Ashley, une américaine croisée à l’hôtel à Ushuaïa et nous faisons plus ample connaissance. Nous passons la frontière chilienne, nous allons par coïncidence à la même chambre d’hôtes et nous allons nous suivre pendant quelques temps. On visite Punta Arenas où je décide de reprendre un téléphone et une liseuse électronique au duty free. Mon but est d’atteindre El Calafate où j’ai déjà réservé mon hôtel depuis Buenos Aires, je quitte donc la ville dès le lendemain pour une nouvelle étape rapide à Puerto Natales… Là, les choses se compliquent : le mauvais temps puis des grèves en Argentine m’obligent à décaler mon programme. De vingt heures, je dois rester cinq jours sur place ! Mais l’hôtel est charmant, cosy, ambiance chalet, je le conseille à Ashley qui m’y rejoindra plus tard.
Je profite de cette halte forcée pour aller au Parc National de Torre del Paine. Grandiose, une météo un peu mauvaise au début laissera la place dans l’après midi à de magnifiques éclaircies qui nous permettrons d’observer les fameux pics. Cela me rappelle Uluru, j’en profite au maximum. Je fais la connaissance pendant ce tour d’Anna, charmante russe, grande voyageuse, et de Sumer, un australien encore ! On abuse de la gentillesse de notre guide pour faire arrêter notre minibus dans des endroits non prévus pour faire un maximum de photos. Le soir, nous dînons dans un excellent restaurant (premier bon repas depuis un bon petit moment) où nous nous racontons nos diverses expériences de voyages… Passionnant tout cela ! On se donne rendez vous à Perth, Moscou et … Cannes pour se revoir un jour !
Les jours qui suivent sont plus calmes. Les sorties sont, malgré un euro fort ici, coûteuses à la longue, mon budget ne pourra pas suivre le rythme... Jusqu'ici, j'ai réussi à visiter tout ce que je voulais mais le temps des choix difficiles arrive (renoncer à certains sites...). Je quitte Puerto Natales en envisageant de revenir en été dans cette région.
Un dernier bout de chemin avec Ashley et j’arrive enfin à El Calafate, ma dernière étape en Argentine avant de revenir au Chili.